disparu en 2017
(1934-2017) Un ami norvégien nous a quittés.
Rolf Tobiassen vient de nous quitter à l’issue d’une longue et douloureuse maladie. Avec lui disparaît un homme de chaleur et d’amitié qui s’était voué corps et âme au développement des relations franco-norvégiennes et avait beaucoup contribué à fortifier le rôle de notre région dans ce domaine.
Diplômé de l’Université d’Oslo (Cand.Phil), il enseigna d’abord la littérature française à la faculté des lettres. Vint ensuite l’heure d’un engagement plus actif dans la vie de la cité, lorsqu’au milieu des années 1970, une réforme scolaire modifia la place du français dans l’enseignement norvégien. Jusqu’alors troisième langue obligatoire au lycée, notre langue devint une simple option au niveau du collège. Faute de professeurs, c’était pratiquement la condamner à disparaître. Néanmoins, prenant la tête d’un comité pour la défense du français, Rolf alerta l’opinion publique et multiplia les démarches auprès de toutes les instances possibles. Se fondant sur ses propres recherches, il publia nombre d’articles pour montrer combien il serait préjudiciable à la Norvège de se couper ainsi du monde francophone. Il obtint ainsi de notables améliorations en même temps qu’il réfléchissait à la meilleure manière de favoriser la venue en France d’étudiants norvégiens. Alors conseiller culturel près l’ambassade de France, j’avais un souci identique. Et c’est ensemble que nous décidâmes de créer cette structure permanente d’accueil qu’est l’Office franco-norvégien (OFNEC) de l’université de Caen. Inauguré en 1983 par le ministre norvégien de la culture, cette institution binationale n’a cessé depuis de dispenser des cours et aussi d’organiser des manifestations de tout ordre. C’est notamment à l’Office que le festival Les Boréales est né et s’est développé pendant les sept premières années de son existence.
Mais, entre-temps, Rolf était également parvenu à convaincre les autorités norvégiennes de développer la coopération entre nos deux pays à l’échelon national. C’est ainsi qu’il obtint la création d’un Centre de coopération universitaire chargé de promouvoir les relations entre les établissements d’enseignement supérieur(SUHF). Cette initiative fut tout particulièrement suivie de la signature d’un accord cadre entre le Conseil des universités norvégiennes et la conférence des grandes écoles, puis d’un accord avec les grandes écoles de commerce françaises pour l’organisation d’épreuves d’admission en Norvège. De surcroît, en 1998, toujours sur proposition de Rolf, fut créé à Paris un centre de coopération franco-norvégienne en sciences sociales et humaines. Pour ce qui la concerne, l’université de Caen bénéficia aussi de deux importantes initiatives. D’une part, elle mit en place un programme spécifique pour étudiants en économie. D’autre part, l’OFNEC se vit confier la mise en place d’un cycle de formation pour futurs professeurs de français.
Par ailleurs, l’esprit vif, toujours en quête d’idées nouvelles, ne désarmant jamais, Rolf assuma aussi les responsabilités les plus diverses, présidence de l’association des professeurs de français, coordination de projets Erasmus, conférences diverses, organisation de séminaires sur l’histoire de moyen âge, lancement de missions technologiques ou autres. Mention particulière doit aussi être faite de son engagement dans l’association des membres des palmes académiques. Parfois, lorsqu’on le voyait arriver, l’œil matois, le sourire en coin, on savait qu’il avait un projet en tête et qu’on aurait beau faire, il le réaliserait. Et puis, nul ne l’ignorait, Randi, son épouse serait toujours à ses côtés pour l’épauler. Hommage lui soit rendu pour son efficacité et son sourire.
Si la Normandie est maintenant considérée comme la terre d’élection des relations franco- nordiques, Rolf n’y est assurément pas étranger. Pour sa part notre université a su l’honorer en l’élevant à la dignité de docteur honoris causa, tandis que la République française le nommait officier dans l’ordre du mérite et commandeur dans l‘ordre des Palmes académiques.